VCS 2019: L’Alsace du 2 juillet

Publié le par Rennchef

VCS 2019: L’Alsace du 2 juillet

Céline Rutler, l’échappée belle

Directrice de l’école maternelle Jean-Jacques Waltz à Pfastatt, Céline Rutler, présidente de Vélo-club de Soultz, sera, durant trois semaines, commissaire-arbitre à moto sur le Tour de France. Pour sa première Grande boucle, elle va passer devant son école, à Soultz, et devant sa maison d’Aspach-le-Haut.

En cette fin de mois de juin, la vie de Céline Rutler s’est transformée en véritable sprint. Mais un sprint qui dure longtemps, très longtemps, comme si les sprinteurs du Tour de France avaient décidé de s’expliquer dès les premiers kilomètres de l’étape. « Là, je cours beaucoup car je pars jeudi matin [NDLR : le reportage a été réalisé la semaine dernière], deux jours avant la fin de l’année scolaire. Mais j’ai l’autorisation de l’inspection. En fait, je prends un congé sans solde. »

Avant, il faut régler les derniers détails de la sortie de fin d’année, préparer la prochaine rentrée de cette école bilingue de Pfastatt, répondre aux questions des parents sur la canicule… Céline Rutler est à des années-lumière du Tour de France 2019 qui est pourtant si proche. Officiellement la Grande boucle démarre le samedi 6 juillet de Bruxelles mais pour Céline, le rendez-vous est fixé dans la capitale belge le 4 juillet. Car la directrice d’école est arbitre nationale « Elite » en cyclisme et, pour la première fois, elle sera l’une des six commissaires-arbitres à moto. « C’est vrai que là, c’est un peu chaud, mais je dois absolument partir trois jours avant, avec les autres arbitres, pour s’organiser avant le départ du prologue. »

De la course à pied au vélo

On jette un coup d’œil dans le rétro ? « Vous savez comment je suis venu au vélo ? En faisant de la course à pied ! Pour le concours de professeur des écoles, en 2002, il y avait une épreuve de course à pied. Je me blesse un mois avant et mon médecin me conseille de continuer à m’entraîner… en faisant du vélo. J’ai réussi l’épreuve et le concours, mais je ne suis plus redescendu de la selle ! Là, j’ai rejoint des amis qui étaient au Vélo-club de Soultz. » Pas question de pratiquer en compétition, mais la jeune femme participe à des « cyclos » sportives.

À l’époque, ce petit club cherche un nouveau souffle, une nouvelle secrétaire et la jeune professeur des écoles met une première pédale dans l’engrenage. « Ils cherchaient quelqu’un capable d’écrire un communiqué sans faute. Puis j’ai accompagné les coureurs sur les courses pour les ravitailler. Mais comme je m’ennuyais au bord de la route et que la ligue cherchait des arbitres… »

La jeune femme devient, dès 2004, arbitre régional puis, dix ans plus tard, arbitre national et enfin arbitre « Elite » nationale en 2016. entre-temps, elle est devenue maman de deux enfants, directrice de l’école Jean-Jacques Waltz et présidente du Vélo-club de Soultz à même pas 40 ans, dans un milieu pourtant pas forcément très ouvert aux femmes. « C’est clair que l’on n’est pas très nombreuses à être arbitre… Mais sur les six arbitres sur le Tour, on sera quand même deux. »

Sa mission d’arbitre à vélo (ou commissaire-arbitre sur le Tour de France) consiste à faire respecter les règles de la compétition, de la distribution des dossards avant l’épreuve jusqu’au sprint final. Et au milieu, il faut vérifier que personne ne s’accroche aux voitures suiveuses ou ne coupe le parcours - « Sur les épreuves régionales, ça arrive que certains ne fassent pas tous les tours. Mais ce sont toujours les mêmes et on les connaît… » -, contrôler les écarts lors des échappées. On s’inquiète du gigantisme de l’épreuve et donc de la difficulté de sa tâche. Mauvaise pioche : « Mais les pros, c’est ce qu’il y a de plus simple à arbitrer ! Ils connaissent parfaitement les règles, tout est super-cadré. Le plus compliqué, ce sont les épreuves régionales. »

On lui demande si elle a un cycliste préféré, un favori pour le maillot jaune et sa réponse est tranchée comme le démarrage d’un coureur colombien au pied de l’Alpe d’Huez. « Impossible ! On doit être totalement impartial. Souvent, durant les épreuves, je suis tellement concentrée sur la course qu’une fois arrivée, je ne sais même pas qui a gagné ! »

« Un rêve de gosse »

Sur la Grande boucle, les étapes sont longues, les heures de moto vont s’accumuler et il va falloir tenir le coup durant 23 jours, à l’avant ou à l’arrière du peloton. « En théorie, je m’étais fait un super programme pour me préparer physiquement. Sauf qu’entre la famille et mon travail de directrice, tout ça est resté assez théorique… Mais ça va aller ! Et puis ce Tour de France, c’est un rêve de gosse qui va se réaliser ! J’adore cette épreuve depuis que je suis gamine. En 1989, quand Laurent Fignon a gagné à Mulhouse, ma grand-mère Léonie m’avait emmenée en haut du Grand Ballon pour voir passer les coureurs. Je crois même que j’étais déguisée… »

Céline Rutler aura forcément son palpitant un peu plus élevé au moment où le peloton roulera en Alsace. Il se pourrait même que pour les deux étapes locales des 10 et 11 juillet, elle soit en tête de course afin de rallier plus vite l’arrivée afin de retrouver rapidement sa famille. « Lors de l’étape Mulhouse-La Planche des Belles Filles, je passerai devant mon école à Pfastatt, à quelques mètres de ma maison d’Aspach-le-Haut et à Soultz, dans la commune de mon vélo-club. C’est un hasard, mais aussi un signe incroyable ! »

Incroyable, comme la passion de la jeune femme pour les épreuves cyclistes. Une fois la Grande boucle terminée, Céline Rutler rejoindra… le Tour Alsace comme régulateur. Quand on vous dit qu’elle a un p’tit vélo dans la tête !

 

Laurent GENTILHOMME

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