VCS 2018: TriRhéna Light par Régis

Publié le par Rennchef

Mardi 14 août, il est 12h15, je suis dans ma voiture, j'écoute mon morceau de musique préféré en me rendant au travail, demain matin je prends le départ du TriRhéna, je suis submergé par l'émotion, je pleure de joie !

 

Il y a 15 jours mon bras gauche était encore prisonnier d'une résine suite à ma chute le 24 juin. Fracture du radius, le traumatologue m'avait arrêté jusqu'au 31 août, j'avais renoncé au TriRhéna qui était l'objectif de ma saison et au 1000 du Sud. Radio de contrôle le 05 juillet, tout est bien en place et le traumatologue m'annonce un retrait du plâtre le 31 juillet. Il n'en fallait pas plus pour reprendre espoir et me rebooster.

 

Je savais qu'en 15 jours je n'allais pas faire des miracles mais ils seront suffisants pour me remettre dans le rythme. De plus, nouveauté cette année il y a un parcours light qui sera donc un peu plus en accord avec mon niveau du moment et les contraintes liées à la perte de mobilité de mon poignet. J'avais gardé un peu le rythme en faisant du home trainer 3 à 4 fois par semaine mais lors de mon premier test dans Blauen je grimpe en 39' alors qu'au mois de juin je frôlais les 33'. Le fond ne sera pas un problème, je faisais régulièrement des sorties de 200 km, j'avais déjà fait 2 fois 300 km (dont le très difficile BRM 300 max du CCK) et surtout une belle diagonale de plus de 1000 km début juin. Au niveau réserve ça devrait aller aussi, je suis gras comme un cochon et j'accuse un embonpoint de 5kg sans avoir fait d'excès !

 

Mercredi 15 août, la nuit a été courte car je suis rentré du travail peu avant 22H00 et les derniers préparatifs m'avaient pris une bonne heure. Je me lève à 4H30 impatient de rejoindre les amis rue de l'oranger à Kingersheim. Je connais un bon tiers des engagés et cela me fait vraiment plaisir de discuter avec eux au petit déjeuner. J'ai reçu beaucoup de témoignages d'amitiés et d'encouragements et cela me procure beaucoup de joie et d'énergie. Pascal me fera même le plaisir de me mettre capitaine de route avec Poucet pour réguler l'allure de la première vague jusqu'à l'entrée de la piste cyclable à Hagenbach.

 

L'accueil au club house du CCK est toujours royal, le buffet du petit déjeuner vaut largement celui des meilleurs hôtels et les bénévoles, tout sourire, sont aux petits soins avec chacun d'entre nous. Le package d'engagement laissera des bons souvenirs, une bouteille cuvée TriRhéna, un sac à dos et une serviette brodée viennent compléter le nécessaire du participant (plaque de cadre, autocollant d'identification, carton de route et sa pochette).

 

Le briefing de Pascal sera un peu plus court que l'année précédente mais l'essentiel est dit, pour la plupart des participants ce type d'épreuve n'est pas une nouveauté et je crois que l'on est tous impatient de tourner les jambes.

 

Avec mon dossard n°1 je démarre à 7H00 dans la première vague, ouvrant la route sur un rythme tranquille avec Poucet. Cela permet une mise en jambe des participants, de discuter et ainsi participer à la convivialité de l'épreuve. Je continuerai sur un rythme tranquille sur la piste cyclable car je sais qu'il n'y a pas besoin de se presser, le premier ravito ne sera pas ouvert avant 17h30. Je continue donc à discuter avec les participants et n'accélère que peu avant la séparation des 2 parcours max et light, les coureurs des 2 autres vagues m'ont déjà rejoint et je ne m'affole pas, mon plan à 23km/h de moyenne sur cette première TS de 243 km est bien ficelé, j'aurais tout le temps d'accélérer plus tard !

 

J'ai bien un truc en tête et lorsque j'ai pris le départ je sais très bien où je vais. Cela fait plusieurs jours que je bosse sur mon plan de route et que j'ai préparé mon timing sur les 1000 kilomètres. Le TriRhéna c'est l'objectif de ma saison, Pascal et Vanessa le savent depuis plusieurs mois, je suis parti sur le light à cause de mon bras mais normalement je partais avec l'idée de faire un truc sur le max ! Je grimpe moyen mais sur les sections plus plates, mes qualités de rouleur font sensations, et quand je me couche sur mes prolongateurs ça envoie ! Bon j'ai donné rdv à Vanessa le 17 août à 09H00 à Kingersheim soit un objectif de 50 heures, 43h30 roulé et 6h30 de pause. Je n'ai pas sorti ces chiffres du chapeau, je me suis basé sur les données de ma diagonale, je marchais certes un peu mieux qu'en ce 15 août mais dans la vie il faut avoir de grands objectifs pour avancer.

 

Premier contrôle photo à Grandvillars on est un bon petit groupe à s'arrêter devant la poste pour la prendre en photo, originale comme idée, peut être un clin d'œil à Poucet ; en réalité à notre entrée dans la ville il n'y avait pas de panneau. Après quelques kilomètres je serais rejoint par Dominique, que je connais bien maintenant, un sacré rouleur qui a l'habitude des distances et qui prends un plaisir fou sur le vélo lors d'aventures qu'il se prépare lui-même. Markus qui avait repérer que je parlais un peu allemand m'accompagne depuis un bon moment. Nous resterons ensemble jusqu'à St Hippolyte où j'ai prévu de faire 20 minutes de pause casse-croûte. Dominique s'arrête avec moi et Markus repars seul, il préfère prendre un peu d'avance car il trouve que notre rythme est un peu trop rapide. Effectivement on a déjà une heure d'avance sur mon plan mais l'on ne s'arrêtera pas plus longtemps que ce qui était prévu. En prenant la direction de Orchamps-Vennes lieu du second contrôle on reprendra un bon nombre de participants qui seront surpris de nous voir revenir de derrière. Avant de revenir sur le territoire suisse le parcours light redevient commun avec le max et c'est bien sympa de croiser d'autres concurrents, à ce moment-là ils ont encore un sacré menu avec le Mont Soleil, le Chasseral et le Mont Crosin ! Pour nous c'est plus light avec un tracé sur le plateau du parc naturel régional du Doubs et malgré quelques bugs de mon gps j'arrive à 17H00 aux Genevez. Dominique et Markus à qui j'avais pris quelques mètres arrivent quelques minutes plus tard ainsi que Frank qui a oublié de monter au Chasseral sur le parcours max. Bon je les avais prévenus les copains, en arrivant aussi tôt on est bon pour mettre la table et filer un coup de mains aux bénévoles qui n'arriveront qu'à 17H30. On le fera de bon cœur bien sûr et en attendant Markus partage d'excellentes saucisses autrichiennes qu'il avait dans son sac et on fait bronzette dans le champ. J'ai 243 km dans les jambes et je suis frais comme un gardon !

 

Super ambiance quand les bénévoles arrivent, les fusées du parcours max nous rejoigne déjà ; incroyable Pascal et Christophe sont à quasi 25 km/h de moyenne avec 5000m de D+. Les tables et bancs sont très vite mis en place, le repas ne se fait pas attendre et nos sacs bag drop sont déjà à disposition, je me régale avec tout ce qui est mis à disposition, c'est aussi le moment de remplir les gourdes et de prendre tout ce que j'avais préparé dans mon sac. Certains concurrents sont déjà très mal en point et ne repartiront pas, moi j'en oublierais presque mon timing tellement l'ambiance est top et je repartirai après 1h20 de pause ! J'ai toujours 30 minutes d'avance sur mon plan mais la terrible partie allemande est au programme de la prochaine TS longue de plus de 350 km. Un contrôle secret est prévu à mi-parcours et un ravitaillement nous y attend. J'ai également prévu de faire un arrêt chez moi car comme l'année dernière la trace passe par mon village. Je me suis préparé 2 moricettes et une bouteille de coca, je profiterai également de cet arrêt pour changer de maillot et passer du cyclosportissimo à celui du VC Soultz.

 

Dans mes sacs qui m'attendaient à chaque point de ravitaillement j'ai mis une petite bouteille de coca, deux ampoules de magnésium marin (quiton hypertonic) et mon cocktail de compléments alimentaires : magnésium, bcaa et spiruline. J'ai également 2 sachets de poudre (overstim's malto et effinov hydraminov), une ou deux barres de céréales overstim's origin'. Seul le sac de Chatenois sera plus gros avec des affaires de rechange et le nécessaire pour la douche. C'est vraiment super ce système de bag drop et quasiment unique sur ce type d'épreuve. Certains avaient carrément voyagé sans sacoches et sans éclairage sur toute la première TS, évitant ainsi le surpoids.

Je repars des Genevez avec Dominique et Franck, dans la descente je vois dans l'ombre un truc qui pends à l'avant de mon vélo ! Pétard le support type gopro de ma lampe a cassé et il s'en faut de peu pour que celle-ci se foute dans les rayons. Je n'ose pas imaginer ce qui aurait pu m'arriver. Bon on changera le support quand je serais à la maison mais en attendant je n'ai pas d'éclairage à l'avant. Je roule devant jusqu'à la tombée de la nuit car j'ai prévenu Dominique que je resterai derrière lui et Franck jusque chez moi. Au troisième contrôle photo de Movelier, petite pause bidon, collation et on s'équipe pour la nuit, toujours en avance sur mon plan d'environ 50 minutes mais attention il va falloir passer Delémont et revenir dans le Sundgau par le Challpass et on va perdre du temps chez moi.

 

Lorsque nous franchissons la frontière j'indique à Franck plusieurs endroit pour qu'il puisse se restaurer, je ne sais pas ce qu'il a foutu aux Genevez mais il a une grosse faim. Pourtant les ravitos du CCK sont toujours bien foutu avec des salades maison, du saucisson, des chips, de la soupe, du fromage, des pâtisseries, des fruits, du chocolat, l'Amérique quoi ! On est déjà tard et je l'averti que peut être certains restaurant ne le servirons plus. Il ne voulait pas s'arrêter en Suisse pour des raisons de devises et je crois qu'il n'a pas bien utilisé le bag drop. Avec son erreur de parcours à St Imier je vois bien qu'il n'a pas bien préparer son épreuve. Il me dit qu'il pourra attendre la bouteille de cola qui est au frais chez moi et que j'ai promis de partager. On fait un arrêt technologique rapide pour que je puisse démarrer mon tracking GPS et ainsi pouvoir être suivi par ma femme, elle verra que je suis en avance et je pourrai peut-être la voir avant qu'elle aille se coucher.

 

J'arrive chez moi à 22h45 avec plus d'une heure d'avance sur mon plan, j'offre ma bouteille de coca à mes 2 camarades, je me restaure et partage mon salami avec Franck qui est aux anges. Ma femme nous fait un petit coucou et je la rassure sur ma condition physique et le déroulement de la journée, elle sait que je veux faire un numéro et est rassuré de me voir en forme et en ligne avec mes prévisions. Je change le support de ma lampe, mes maillots, je remplis mes gourdes, mes camarades en font de même à l'extérieur. On repart au bout de 30 minutes et je les remercie d'avoir été silencieux, d'avoir respecté le calme devant ma porte.

 

Nous prenons un bon bout droit que je connais par cœur et sur lequel j'ai plusieurs records jusqu'à la centrale hydroélectrique de Fessenheim lieu du prochain contrôle photo. On est sur mes routes d'entrainements, la partie sundgauvienne et allemande du tracé je les connais comme le fond de ma poche et le contrôle surprise je sais où il a été placé car je connais bien l'endroit et il s'y prête à merveille. Mais il faudra le mériter car 2 belles ascensions le précèdent. Après avoir franchi le Rhin nous passons à côté d'une aire d'autoroute allemande et j'indique le McDo à Franck qui me dit vouloir s'y arrêter. Compte tenu de mon avance je fais aussi le stop avec Dominique. A peine garé nous apercevons Markus en train de se restaurer et l'ambiance est monté d'un coup à l'intérieur ! S'il avait su qu'il était en tête du TriRhéna depuis Niffer … Par gourmandise je me laisse tenter par un burger, Dominique qui ne mange jamais McDo se régale et au bout de 30 minutes l'estomac bien calé nous repartons à 4 en direction de Münstertal et la première ascension qui nous conduira au restaurant du Haldenhof, nouveau point de contrôle. L'avance a fondu avec toutes ces pauses non prévues et je n'ai plus que 30 minutes d'avance sur mon plan et elle aura complètement fondu au sommet de la première ascension. Après une rapide mais prudente descente sur Schönau nous attaquons l'ascension de la Tiergrublehütte au sommet de laquelle sera jugé le contrôle surprise et son lot de sourires d'encouragements de réconfort et de ravitaillement. C'est une ascension difficile mais que j'apprécie car c'est une route forestière très calme et très agréable.

 

Le ravitaillement au poste contrôle surprise est un festival de bonnes choses ! Des crêpes, du fromage, du pain, des fruits, du café, des saucisses, que nous ne gouterons pas car arrivé un peu trop tôt et j'en oublie mais je me répète peut-être ces ravitaillements sont vraiment exceptionnels et servi par des bénévoles débordant de gentillesse et de serviabilité. Je suis un peu fatigué et entamé par les 2 ascensions que nous venons de faire, j'ai froid, Sylvianne et Vanessa nous mettent des couvertures pour nous réchauffer, Dominique fait une micro sieste de 10 minutes mais moi je ne veux pas dormir, le jour va bientôt se lever et ça devrait bien se passer ; mais j'ai tellement froid que je n'arrive pas à décoller et heureusement que Dominique me booste pour que j'arrive à repartir.

 

Je sais maintenant que ça va être dur, j'avais prévu 20 minutes d'arrêt et je suis resté là 55 minutes, la route va descendre et je vais avoir encore plus froid ! J'ai mis toutes mes couches mais rien y fait mon sous maillot est trempé de sueur. L'ascension du Muckenloch me réchauffe un peu avant d'arriver à Sankt Blasien, pour un nouveau contrôle photo. Ce sera aussi le moment de faire le gros arrêt technique et pas facile de se déshabiller quand il fait 5°. Pascal nous avait prévenus que les nuits en Allemagne et dans les Vosges allait être froide mais 5° au mois d'août je ne pensais quand même pas surtout que bizarrement il fait plus froid dans les vallées qu'au sommet ! On ne perd donc pas beaucoup de temps pour repartir, le prochain contrôle est au Schauinsland et avant d'arriver à son pied il faudra passer le Passhöhe Wacht. Je n'aime pas trop cette route car il y a beaucoup de circulation, heureusement nous y sommes au petit matin et à part quelques fous presser d'arriver au travail c'est plutôt calme. Il en sera de même dans l'ascension du Notschrei qui conduit au Schauinsland. Par contre là j'ai un terrible coup de mou, j'ai sommeil, je grimpe comme une patate et je sens bien que je n'ai pas la forme du mois de juin. J'accuse un peu le coup mais j'ai un solide compagnon qui me fera oublier la difficulté d'autant plus que c'est la fin du morceau le plus difficile. Au contrôle photo on trouvera un abri et je ferai une pause dodo de 35 minutes réchauffé par le soleil levant. Le paysage est magnifique et je me réveil bien reposé au bout de 35 minutes. Avant d'écrire ce résumé je pensais avoir dormi une heure tellement cette pause dodo m'a fait du bien.

 

Avant de commencer la descente nous revoyons Franck qui fait son contrôle photo, il était resté dormir un peu au contrôle surprise. Il repart devant nous un peu presser de s'arrêter dans les boulangeries que je lui ai montré à Münstertal ; un ogre ce Franck ! Avec Dominique nous ferons une descente prudente, je crains le passage du Stohren et ses 18% et fait en sorte de ne pas prendre trop de vitesse pour éviter l'irréparable ! Sur ce court mais raide tronçon nous croisons les participants du parcours max qui sont en train d'en baver en montant. Je vois aussi Pascal qui a pris pas mal de retard, Vanessa m'avait prévenu qu'il avait dû faire une grosse pause sommeil à Münstertal, je le comprends, voilà 2 semaines qu'il bosse à fond pour organiser cette épreuve et c'est difficile de rouler jour et nuit si l'on n'a pas bien dormi les jours précédents. La route jusqu’à Chatenois sera plutôt roulante et j'espère revenir un peu sur mon timing, j'accélère dès que possible, le terrain est un peu bosselé mais il me convient bien. Dominique est plus à la peine, il est surtout embêté par des vitesses qui sautent. Je l'attends à plusieurs reprises et finis par ne plus l'apercevoir. Je temporise un bon moment mais à chaque fois que je me retourne je ne le vois pas. Après plus de 500 kilomètres j'ai une forme de dingue et des jambes de feu, ça avance bien et j'atteins le petit raidard du Kaiserstuhl très rapidement. Je le passe sans encombre et me régale du paysage qu'offre la piste cyclable dans le vignoble. Toujours sur un bon rythme, j'en fini avec l'Allemagne en franchissant le Rhin à Marckolsheim je mets le cap sur Chatenois pour faire une bonne pause.

 

J'ai refait une partie du retard par rapport à mon plan et j'arrive à Chatenois à 13H00, Christophe du parcours max est là et s'apprête déjà pour repartir avec Aurélien, un ami venu faire quelques kilomètres avec les participants. Je suis impressionné par Christophe, il a un rythme de folie sur le parcours max ! J'essaye de ne pas perdre trop de temps et je commande rapidement la totale à Dany, soupe, crudité, pâtes, tout ce qu'il y a à manger avant de prendre une bonne douche et de me changer. J'ai fait l'impasse sur quelques pauses en Allemagne et je profite donc de la bonne ambiance qui règne au club house. Je prends des nouvelles des copains et surtout de Christophe Grandjanin pour qui le TriRhéna représentait le défi de sa vie. Il a malheureusement mis le clignotant à gauche en Allemagne suite à un problème de sommeil tout comme Pascal mais lui sur un contre temps technique apparemment. Dominique est arrivé alors que je finissais ma pause et je repars seul en direction de Dabo, j'ai déjà dépassé mon timing pause de 15 minutes.

 

Je voulais impérativement arriver à Dabo de jour, l'année dernière j'y étais en pleine nuit et j'avais manqué de découvrir ce très beau site. J'y étais retourné un peu comme en pèlerinage au mois de Septembre lors d'une virée surprise pour l'anniversaire de ma femme. Je profite d'un petit coup de pouce du vent qui souffle dans mon dos sur la route des vins pour revenir sur mon timing mais la chaleur de cette après-midi me coupe un peu les jambes sans compter que la pente s'élève doucement mais surement jusqu'au col du Valsberg. Je battrais mon record personnel mais il est bien loin des meilleurs temps. Je profite du contrôle photo au rocher de Dabo pour remplir mes gourdes et boire eau pétillante et cola. Quel bonne idée ce bar ambulant installé au bout du parking. Les sandwichs sont un peu chers mais j'ai repéré la boulangerie à Schaeferhof où j'avais perdu Patrick et Marc l'année dernière. Je m'y arrêterai rapidement pour acheter 2 pâtés lorrains histoire de diner plus tard. Je suis 1h30 dans le jus et je sais que je ne rattraperais plus le temps perdu, pas la peine d'essayer j'ai déconné avec les temps de pause en Allemagne et cela ne sert à rien de vouloir rattraper le temps perdu. Je ferais simplement l'impasse sur les pauses que je m'étais rajouté à la fin et je n'arriverais pas à temps à Villé pour faire mon arrêt kebab.

 

Le parcours me conduit à Artzwiller où je découvre le plan incliné ainsi que la vallée des écluses et une piste cyclable des plus agréables, la chaleur de l'après-midi a fait place à la douceur d'une soirée d'été. Après le contrôle de Hesse je m'arrêterai sur la piste cyclable un peu avant Abreschviller pour manger un pâté lorrain, tellement consistant que je ne pourrais pas manger le second et il me tiendra à l'estomac jusqu'à Plainfaing 130 km plus loin. Je repars après 10 minutes en direction du col du Donon en passant par celui de l'Engin. La pente n'est pas trop raide et l'ascension semble interminable, au sommet je m'équipe complet pour la nuit, lumières et tous les habits que j'ai dans ma sacoche. Là va falloir se méfier du gibier, ça bouge dans tous les sens et s'en est presque inquiétant, je vois des sangliers, des chevreuils et je manque même de me faire défoncer par un blaireau. Je roule avec beaucoup de prudence car je n'ai pas envie de me retrouver avec un nouveau plâtre. Quand je descends le col de Steige j'ai ma première alerte sommeil. Je ne tente pas le diable et dès la fin de la descente je me trouve un abri de bus pour fermer les yeux pendant 30 minutes. Je ne prends même pas la peine d'ôter mon casque je dors tel quel et je m'entends ronfler. Encore une pause qui n'était pas prévue mais elle était tellement nécessaire pour ma sécurité que le timing passera au second plan. Je me demande tout de même si Dominique n'est pas repassé devant moi pendant que je dormais, je verrai bien à Plainfaing. Je me sens un peu seul dans cette nuit noire, je pense à ma femme et mon petit chien pour me donner du courage et me sentir un peu moins seul. Il va falloir passer les Bagenelles, un col que mon ami Jean Pierre avait beaucoup apprécié en 2014 et en ma compagnie en 2017. Je penserais à lui pendant l'ascension car elle s'est révélée indigeste pour moi. Je suis rongé par le sommeil et la fatigue et je poserai même pied à terre dans le col du Pré des Raves. Je suis pris d'hallucinations depuis la fin de la journée et quand les bandes blanches se transforment en chat prêt à vous sauter dessus il y a un truc qui tourne pas rond ! La descente du col du Bonhomme sera un enfer tellement j'ai froid mais je me réjouis de retrouver la tente du CCK.

 

A Plainfaing je retrouve Vanessa, Pascal et François mais surtout Christophe qui est encore devant moi et qui survole le parcours max. Je n'ai pas les idées claires et je bois 2 verres de coca avant de prendre 30 minutes de sommeil. Je me restaurerai par la suite, une bonne soupe et 2 merguez cuites dans le beurre avec de la mayonnaise ! Y en a pour 1000 calories au moins mais ça fait du bien de partout. Christophe repart déjà et je lui dis de se dépêcher car je compte bien arriver à Kingersheim avant lui ! Je ne mangerai finalement pas beaucoup et je mets quelques victuailles dans ma sacoche pour plus tard. Un café bien corsé et je repars à mon tour.

La dernière TS n'est pas bien dure, le col de Surceneux, des Feignes et de la Croix des Moinats seront une formalité bien que montés très doucement. Le jour se lève et je sais que le sommeil ne me gagnera plus. A Dommartin les Remiremont lieu du nouveau contrôle photo je mange les produits pris au ravitaillement, le soleil commence à réchauffer l'atmosphère et je me sens beaucoup mieux. Un long faux plat montant va m'emmener jusqu'au pied du Ballon d'Alsace, ultime difficulté du parcours. La météo va se dégrader dans la journée mais je vais passer avant les premiers nuages. Comme l'année dernière je prends le temps de manger et boire un coca avant d'attaquer le Ballon d'Alsace mais cette fois ci je ne ferai pas un numéro dans l'ascension. En 2017 j'avais accélérer pendant toute la montée réussissant à finir à quasi 18km/h. Je serais plus à la peine et je me félicite encore une fois d'avoir pris l'option light. Je fais une descente rapide sur Masevaux où je ne m'arrêterai pas pour prendre un petit déjeuner. Le vent souffle dans mon dos et je commence à accélérer, la machine à rouler s'est remise en marche. Je vais profiter de ce coup de boost pour essayer de franchir la ligne avant midi et ainsi de boucler le parcours en 53 heures, dépassant seulement de 3 heures mes prévisions. Je donne tout ce que j'ai et je traverse le Sundgau entre 30 et 40 km/h. Les messages d'encouragements de ma femme me donnent encore plus d'énergie. A la sortie de Richwiller, j'appelle Pascal pour lui dire que je vais arriver dans quelques minutes.

 

Je franchis la ligne à 11h58 en soulevant mon vélo, je suis le premier finisher de cette édition 2018. Ce sera ma revanche sur mes 5 semaines de plâtre, la preuve que mon mental a encore une fois été plus fort que les difficultés qui se dressent sur le chemin de la vie.

 

J'attendrai mon ami Christophe pour l'applaudir car il va boucler le parcours max en 53h39, le vrai champion de cette édition 2018 c'est lui.

 

Je finirais ce récit en remerciant les bénévoles et l'organisation, il n'y a pas de mots pour décrire tout ce que l'on ressent mais si le TriRhéna est une épreuve magique c'est grâce à eux. Merci.

 

VCS 2018: TriRhéna Light par Régis
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