TriRhéna1000 2017 par Régis

Après une expérience réussie au Tour du Mont-Blanc, me voici inscrit au TriRhéna. 1000 km à parcourir entre la France, la Suisse et l'Allemagne en passant bien sûr par tous les cols et petites vacheries que l'on trouve en chemin pour atteindre 17 000 mètres de dénivelé.
C'est un ami (Christophe Grandjanin) qui m'en avait parlé l'année dernière et depuis c'était devenu comme une obsession ; j’étais sur le site (https://sites.google.com/site/trirhena1000) tous les jours. Je me suis posé autant de questions qu'il y a de km à parcourir, comment peut-on enchaîner autant de bornes en une seule fois, autant de dénivelé, comment gérer son sommeil ? Pour aller à la pêche aux infos c'est compliqué tellement l'ultracyclisme est confidentiel dans sa pratique. Heureusement quelques finishers 2014 ont écrit leurs mémoires et cela m'a déjà aidé. J'ai également fait connaissance avec l'incroyable Pascal Bride (organisateur du TriRhéna) qui m'a beaucoup aidé et pris du temps pour répondre à mes interrogations.
Jour "J" mercredi 05/08, réveil à 5H00 pour se rendre à Kingersheim dans les locaux du CCK rue de l'oranger. L'accueil est à la hauteur de l’événement et l'enthousiasme des bénévoles à un côté rassurant. Émargement, sac de bienvenue avec ma plaque de guidon (dossard 12 - porte bonheur), la bouteille de vin blanc cuvée TriRhéna, remise des sacs pour le bag drop (l'organisation propose de ramener un sac d'effet personnel sur chaque poste de ravitaillement) petit déjeuner royal comme toujours au CCK, préparation de la machine de guerre - Venge custom sacoche ! - et c'est déjà l'heure du briefing de Pascal Bride. Il nous informe des principales difficultés du parcours qu'il à concocter avec son compère Gilles Esselin mais aussi des points dangereux comme les piétons suisses, le gibier vosgien très actifs la nuit et l'état de certaines chaussées.
Départ à 8H00, ouverture de la route en voiture par Vanessa Bride puis en vélo par 3 membres du CCK qui nous laisserons filer seuls après 20km. Nous sommes 34 dont 3 autrichiens, 2 allemands, 2 espagnols, le plus vieux à 69 ans et je suis le plus jeune. L'allure est bonne, presque trop jusqu'au pied du col de Montvoie qui ouvre les hostilités, la journée s'annonce chaude, je rempli mes gourdes et continu seul, à mon rythme sur cette première partie en Suisse. Au fil des km on retrouve un participant, on fait quelques km ensemble puis c'est avec un autre, ... seul mais jamais vraiment tout seul ! Sur cette première partie je découvre le Mont Chasseral (coiffé de son émetteur) qui culmine à 1606m et offre une vue fantastique sur la région de Berne et bien plus encore par temps clair. Après une bonne descente c'est déjà le premier poste ravitaillement au km 194, Pascal Bride est déjà reparti depuis un moment, je retrouve Jean Marie Landherr et Peter Hoschler (qui finiront en 54h40 !!!!!) qui me propose de les accompagner mais je préfère gérer mon effort et profiter du ravito. Et les ravitos du CCK c'est 3 étoiles, salé, sucré, boissons fraîches et chaudes, de la soupe, des pâtes, des fruits et différents à chaque poste ! Et que dire des bénévoles qui s'occupent de toi comme un prince. Quand on repart, on n'a qu'une hâte : arriver au point de ravitaillement suivant tellement c'est bien.
Eh oui, il faut repartir sur le deuxième tronçon du parcours, sortir de Suisse pour passer en France quelques kilomètres avant d'entrer en Allemagne par Neuenburg. Petit bonus pour moi, le parcours passe par Niffer et j'en profite pour rentrer chez moi saluer ma femme, prendre une douche, me changer, me masser, refaire mon paquetage et soufflé un peu. C'est de nuit que se passe la fin du tronçon qui me mènera à Schonau en passant bien sûr par les routes de montagne. Une averse tente de me saper le moral mais je m’arrête sous un porche et attends que la pluie se calme pour repartir. A Schonau km 391 je me ravitaille et dors une heure sous la tente du CCK. Je repars à 7H00 avec 3 nouveaux compagnons : Patrick Hetzlen, Marc Delage, Jean-Pierre Cellier. On fera tout le 3e tronçon ensemble, l'entente était vraiment très bonne. La route nous emmène sur les plus hauts sommets de la Fôret Noire, le Schauinsland est escaladé par Stohren, 4km entre 12% et 15% !! une petite boucle au nord de Fribourg nous évitons l'orage et la pluie en attendant dans un Gasthof autour d'une bonne boisson. Retour en France par Marckolsheim et direction Chatenois pour le 3e poste ravitaillement. Gilles Esselin nous attend avec toute son équipe pour nous regonfler les batteries, petit bonus, nous pouvons prendre une douche et repartir propre. Le repos sera troublé par un match de foot et je repars avec mes 3 compagnons sans avoir dormi vers 22H00. Il fait chaud en ce début de nuit et nous partons en manches courtes sur la route des vins direction la Moselle et le Rocher de Dabo. On improvise une pose dodo de 50 minutes dans un fossé au bord de la route après avoir passé un raidard à la sortie de Romanswiller, ce petit moment de repos restera un souvenir extraordinaire pour moi. Ne résistant pas à la bonne odeur des petits pains, Patrick et Marc s’arrêtent dans une boulangerie, Jean-Pierre et Moi avions pris un peu d'avance dans la descente, prévenu par un automobiliste de la pause de nos collègues nous repartons doucement pour les attendre dans une prochaine boulangerie. Notre arrêt viennoiserie n'aura lieu qu'au bout d'une heure et nous ne reverrons plus Patrick et Marc. Avec Jean-Pierre l'entente est toujours excellente, nous résistons au sommeil qui nous gagne après avoir mangé une montagne de petits-pains et mettons le cap sur Plainfaing terme de ce 4e tronçon long de 235km à travers le massif des Vosges.
A Plainfaing nous retrouvons les bénévoles du CCK qui nous préparent soupe et plat de pâtes. Nous apprenons l'abandon de Pascal Bride sur chute (heureusement sans gravité) et que nos deux anciens copains de route ont été rejoint par Marc Pontif et roulent désormais à 3. Je me sens encore très bien, Jean Pierre également, notre arrêt ne durera qu'une heure, nous ne dormons pas car on s'est fixé un petit défi : rentrer à Kingersheim avant minuit et battre le temps du TriRhéna de 2014 de Jean-Pierre. On enchaîne donc avec plein d'énergie ce dernier tronçon de seulement 171km, nous rattrapons Mickael Felber et Urbain Bernardo, le quatuor que nous formons ne se séparera plus jusqu'à l'arrivée. Nous jalonnons les Vosges jusqu'à Remiremont avant de revenir au pied du Ballon d'Alsace dernière difficulté de l'épreuve. On est même un peu en avance sur nos prévisions et cela nous permettra de faire la descente avant la nuit. Dans cette dernière ascension je tente un truc de fou : je force le rythme sur les 5 dernier kilomètres du Ballon d'Alsace et je fini le dernier kilomètre à 17 km/h - avec 950 km dans les pattes ! même pas mal. Ma femme qui nous a rejoint pour nous encourager nous fait une super photo souvenir devant la pancarte du ballon d'Alsace. Il ne reste plus qu'à descendre direction Kingersheim, je fais un petit rodéo pour emmener au plus vite mes collègues jusqu'à l'arrivée, nous sommes accueillis comme des stars par Pascal et Vanessa Bride, Estelle Handschin, les bénévoles du CCK et ma femme bien sûr.
Finisher en 62H45 dont 48H45 de roulage ! Nous sommes 11/34 à avoir fini dans les délais, 1 hors délais et 22 ont abandonnés. J'ai mal aux pieds, aux mains, au cou, au dos, aux fesses mais pas aux jambes qui sont chaudes pour un moment. Je suis à peine fatigué et tout euphorique ; je suis venu tester mon mental et je repars avec une immense fierté. Les couleurs du VC Soultzia sont allées haut et loin !